Retrouvons traces des origines :
Vers la fin du XIXe siècle des « mutuelles, coopératives, sociétés » se sont constituées, souvent issues de traditions plus anciennes. Dans toutes les villes et tous les villages de France, jusqu’à la seconde guerre mondiale, on rencontrait ce type de mouvement solidaire. A cette époque les loisirs restaient locaux et les assurances n’existaient quasiment pas. Les gens se regroupaient autour d’intérêts communs, une activité professionnelle, un loisir, un sport, etc.
A La Varenne, la société « L’Union »
Nous disposons du livre de comptes de la société « L’Union ». Il débute en 1903 et retrace l’activité de ce lieu de rencontre sur plus de 50 ans. En 1901 apparaît la loi sur les associations à but non lucratif. Ensuite en 1905 c’est au tour de la loi sur la séparation de l’église et de l’état. C’est cette même année que fut construite notre église actuelle. Beaucoup de varennais ont gardé en tête ce vocable de « société ». Au regard de la comptabilité et de la loi, il s’agissait bien d’une société au sens juridique, puisqu’elle payait la patente. Chaque année elle devait régler la taxe sur le chiffre d’affaires. Une concierge y assurait le fonctionnement comme salariée. Pour entrer dans le « Cercle » vous deviez vous acquitter de 10 Francs et ensuite, chaque trimestre débourser 1 Franc de cotisation. Environ 125 personnes faisaient vivre l’association, à une époque où La Varenne comptait un peu plus de 1000 habitants. Dans le local toujours situé Grande Rue, chacun pouvait y consommer de la limonade ou, au choix, plusieurs vins locaux provenant de différents agriculteurs. Derrière le bâtiment un jeu de boules en bois ajoutait à la convivialité du lieu.
Lors de la mort d’un sociétaire, un colporteur était missionné pour avertir de ce décès chacun des membres. Le pli indiquait la date et l’heure de l’enterrement. Le colporteur recevait une rémunération pour sa mission. Ainsi, chaque sociétaire qui n’était pas présent à la sépulture, se trouvait sanctionné par une amende de de 25 centimes. Il était recommandé, voire interdit, de « pactiser » avec l’autre société (de parti politique opposé) sous peine d’amende, voire d’exclusion. Les prétextes d’amendes étaient nombreux, chaque mois jusqu’à dix membres étaient sanctionnés financièrement. A la salle de « La Varennaise » vous pouvez toujours consulter le règlement de « L’Union ». Prenez le temps de le lire, c’est intéressant et instructif. Chaque année on offrait un banquet aux sociétaires. Sont aussi répertoriés, l’achat d’équipements divers, verres, torchons, calorifère, des notes de charbon, de ramonages, de vins, de couronnes mortuaires, des jeux de cartes, le remplacement de boules et autres travaux d’entretien. C’est en janvier 1914 qu’est « enregistré » le service d’électricité et sa première facture de 1,15 Franc est payée en juillet. En 1915, 196 Francs sont partagés comme « indemnités » aux 28 sociétaires mobilisés.
Lors de la déclaration de la seconde guerre mondiale (23 juillet 1939) les mois d’août et septembre n’enregistrent aucune activité. Les deux années suivantes ont exigé une « taxe d’armement » de 20 Francs. De février à juin 1944 la salle de l’Union fut prêtée à l’école. Il n’y eu donc pas d’activité durant cette période. Après la guerre, dans les années cinquante, la société s’acquittait de la « sécurité sociale » pour sa concierge. L’union vécut une activité suivie jusqu’en 1956.
Dans nos souvenirs :
Après la guerre et dans les années cinquante, La Varenne comptait un peu moins de 900 habitants et 69 fermes. Certaines avaient encore un sol en terre battue. Chacun s’approvisionnaient dans l’une des sept épiceries, une à la Coindassière, deux à la Gulolière, une au Tertre et trois dans le bourg. Un roulier les approvisionnait, de produits vendus en vrac, avec son cheval. Deux boucheries, deux minoteries, trois boulangeries, dont l’une coopérative. Les agriculteurs-coopérateurs y retrouvaient leur blé en pain. A chaque fois qu’ils prenaient un pain (souvent de 4 ou 6 livres, soit 2 ou 3 kg), ils présentaient leur « coche », une branche de noisetier d’environ 60 cm. La boulangerie disposait d’une branche identique mais identifiée. La boulangère empoignait les deux coches et à d’un seul coup de couteau, gravait une encoche sur les deux branches en même temps afin de comptabiliser chacun des pains. L’artisanat et le commerce traditionnel n’étaient pas en reste : une quincaillerie, un marchand de journaux, une mercerie, un tailleur, des couturières, un cordonnier, un vannier, deux tonneliers, trois maçons, trois menuisiers, un charpentier, une scierie, un charron, trois maréchaux-ferrants s’occupaient des chevaux et réparaient les outils des paysans et fermiers. Une forge de marine travaillait pour les chantiers navals de Nantes. Un mécanicien, deux électriciens.
L’abbé Péneau, curé de la paroisse jusqu’en 1954, se passionnait pour les transports et la technologie. Peu pratiquant de la culture, il construisit dans le jardin du presbytère (là ou se trouve aujourd’hui la pelouse et face au cimetière, le parking de La Varennaise) un réseau de chemin de fer électrique à l’échelle 1/15e. Les enfants pouvaient embarquer à califourchon sur les wagons pour voyager à travers les hautes herbes et les quelques légumes. Dans le grenier du presbytère d’autres maquettes de trains et de chemin de fer au 1/10e alimentaient nos rêves. Et pour faire rêver les adultes ce même curé organisait de temps à autres des soirées de cinéma muet dans les hameaux varennais ou dans la salle du patronage, devenue aujourd’hui une extension de l’école Sainte Anne.
Fixée au mur de la grange, face du restaurant des Grenettes dans l’ile Moron, une éolienne fournissait les 12 volts de la tension nécessaire à l’éclairage de la
ferme. L’énergie était stockée dans une dizaine de bacs de verre contenant les batteries au plomb. L’électrification de La Varenne commencée avant la première guerre mondiale se termina par les îles. La dernière île, non varennaise, fût Dorelle en 1956. Dans la décennie qui suivit, progressivement sur toute la France, la tension du secteur passe du 110 volts au 220 volts. Dans la boire d’Anjou, aux Grenettes et à Chapoin, on faisait rouir et sécher le chanvre sur la grève. Le quai de la Queue de la Luce recevait des chalands sur lesquels on chargeait des sabots, des barriques de vin, du blé, de la farine, que des produits varennais, et on y déchargeait des victuailles. Pendants ce temps les pêcheurs barraient partiellement la boire d’Anjou avec leurs filets, au bout du barrage était amarrée une toue-cabanée dans laquelle ils passaient la nuit pour capturer les saumons. A d’autres saisons ils pêchaient des brèmes, des barbillons, des brochets, des aloses, des lamproies, des lamprillons, des tanches, des plies, des perches, etc. En saison, dès leur montée vers la source, tous les varennais se précipitaient sur les bords de la Loire pour faire provision de civelles. Quelques pêcheurs-sabotiers fabriquaient des sabots à la main en dehors de la saison de pêche. Deux autres artisans sabotiers usinaient en série des sabots sur leurs machines à reproduire. Certains des ces sabots partaient, entre autres, par les cars Citroën pour servir de chaussures de sécurité sur les chantiers navals ou à bord des bateaux en « Loire-Inférieure ».
A l’époque ou l’on faisait encore des veillées entre voisins et amis, ce foisonnement provoquait moult rencontres. Les buvettes, café et restaurants se répartissaient sur la commune et les caves nombreuses. Tous accueillaient d’innombrables discussions autour d’une bouteille ou au « cul de la barrique »… Si on passait dans le bourg c’est dans l’une des sociétés que l’on se retrouvait. Le dimanche à la fin de la première messe chacun achetait sa brioche chez un des boulangers et se rendait à sa société ou au bistrot pour boire une chopine ou une fillette. De même lors des enterrements, certains « suivaient la messe» depuis la société ou le bistrot… Dans nos souvenirs deux sociétés ont animé le bourg, sur trois lieux :
- Ladite « Saint Cochon », en fait « L’Union » Grande Rue (de gauche)
- Ladite « Marengo » (du nom d’un cheval (?)) rue de la Tour
- Qui devint « Charenton » rue des Jardins (ex. Marengo, de droite)
- Ces établissements entretenaient des « querelles de clocher », dignes de
« Cloche-merle » ou de « Don Camilo ». Chacune des salles disposait d’un jeu
de boules. Ces boules de bois d’une quinzaine de centimètres de diamètre
avaient tendance à éclater en séchant ; pour cette raison on les stockaient dans
l’eau d’un baquet. Souvent les sociétaires et amis se réunissaient pour jouer au
boules ou « taper le carton », puis discuter autour d’un verre.
En parallèle la municipalité s’occupait de goudronner nos chemins de terre et
cours de fermes. Après les carrioles et les vélos, les cyclomoteurs accéléraient
les déplacements. Puis les anciens ont passé leur permis de conduire.
Peu à peu la traction animale va être remplacée. Bientôt les tracteurs « Pony »
et les « Farmall cub » s’implantent dans chaque ferme. Les mulons de foins, les
gerbes de céréales et les vanneuses sont remplacés par les botteleuses et les
moissonneuses-batteuses…
En 1956 les deux premières télévisions « noir et blanc », épaisses de plus de 50
cm et pesant plus de trente kilogrammes, sont installées sur la commune.
Le captage de l’émetteur de Caen nécessitait un mat d’environ 15 mètres.
L’émetteur de Nantes, la Louée, n’est apparu qu’un an plus tard.
Au milieu des années cinquante les deux sociétés ont disparues. Les anciens
qui les géraient ont tenté, sans succès, de les transmettre aux jeunes
générations qui n’étaient alors pas très motivées…
Plus tard on défriche les taillis et châtaigneraies du Vaux, de la Hunaudière
pour la culture et les Joutières pour planter de la vigne. Ceux qui ont des
vaches investissent dans la machine à traire.
Le rapprochement entre la Russie et L’Egypte, en 1956, provoque la fermeture
du canal de Suez. Les pétroliers sont contraints de contourner l’Afrique. La
pénurie de carburant s’installe pour environ neuf mois, il faut des « bons
d’essence » pour pouvoir circuler. La circulation est limitée aux départements
limitrophes. Le Maine et Loire est le plus favorisé de France puisqu’il jouxte
huit départements. Ce fut l’occasion de développer les super-pétroliers qui ne
passent plus par Suez.
En même temps dans l’habitat aussi les choses évoluaient. La « cabane au fond
du jardin » commençait à entrer dans la maison avec l’eau courante. Plus tard
suivie par une douche voire une salle de bain avec la construction du château
d’eau en 1957 et du réseau de service d’eau en fin de la décennie.
Déjà certaines traditions sont en train de se perdre, les jeunes ont de la
difficulté à adopter le béret et ils sont de moins en moins nombreux à toujours
avoir un couteau dans leur poche.
Aux Grenettes, afin d’améliorer les accès des gars des îles, la commune fait
construire, en 1959, la cale. Elle facilite l’accès à l’île Moron en toutes saisons
avec le bac, quelque soit la cote de la Loire. Le transports des animaux et
autres engins agricoles, plus tard des voitures, devient plus aisé.
Le « Restaurant des Grenettes » jouissait d’une réputation dépassant très
largement notre « Varenne ». De nombreuses noces y étaient fêtées
accompagnées de la fameuse « barrique de noce ». De même, le «caférestaurant-dancing » « Chez Maria », puis « Chez Dupont » attirait les Nantais
en fin de semaine. Nombre de couples de la Varenne et d’ailleurs, s’y sont
formés. Toutes ces activités commerciales et conviviales profitaient également
au « Café du Lion d’or ».
Durant ces années « postes à transistors » et « 45 tours », les kermesses
battaient leur plein. Le parc du château lors de ces manifestations s’est vu
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transformé en terrain de vélo-cross, de moto-cross, de moto-acrobatique. On y
a même vu la cavalerie de Saumur et ses 50 spahis y faire une « fantasia ».
Aux célébrations de baptêmes la « gripaille » faisait partie des institutions, un
lancer de dragées à la sortie de l’église. Inutile de dire que les gamins s’y
bousculaient. Lors des fêtes-Dieu, les « charpentiers » assemblaient un
reposoir sur la place. Pour la procession la « grande-rue » et la « basse rue »,
les deux rues qui conduisaient à l’église, se décoraient de tentures rouges et
banches. Le sol se pavait de magnifique décorations élaborées avec des pétales
de fleurs de toutes les couleurs. Le célébrant ouvrait le cortège chantant en
portant l’ostensoir sous le dais. Quelque temps plus tard, vers 1962, suite à son
aménagement paysagée la place devient « Place du Jardin Public ».
La décennie 60 débute par la mise en place du « Nouveau Franc ». Tous les
prix sont divisés par cent, ce qui implique les centimes. Cette année là, le litre
d’essence passe de 99 Francs à 0,99 Francs ou si vous préférez à 99 centimes
de Franc.
En même temps La Varenne est marquée par la naissance du « Télé-Club »
dans les anciens locaux de « L’Union ». Il ne dura que quelques années jusqu’à
ce que les foyers s’équipent. Il fallut attendre 1964 pour voir naître la seconde
chaîne de télévision et 1967 pour disposer de la couleur.
La fin de la guerre d’Algérie en 1962 soulage les familles qui voyaient leurs fils
appelés sous les drapeaux. A la Varenne tous en sont revenus sans séquelles
physiques.
Finie la corvée de puits pour conserver les aliments au frais. Les réfrigérateurs
arrivent, les machines à laver, et tout l’électroménager suit.
Comme pour beaucoup, c’est à 14 ans, qu’a commencé mon apprentissage
d’électricien. Depuis La Varenne, chaque matin, été comme hiver, j’enfourchais
mon vélo pour embaucher à 7 h 30 à Ancenis. A raison de neuf heures par jour,
soit une heure supplémentaire payée et cinq jours par semaine. Mon premier
salaire m’octroyait 35 centimes de l’heure. Le repas du midi me coûtait 3
Francs… Les cours de la chambre de métiers se suivaient un jour par semaine
à Ancenis pour l’enseignement général et je prenais le car Citroën pour les
cours de technologie professionnelle à Nantes. Un peu plus tard les cours du
« Brevet de Maîtrise » occupaient tout nos samedis.
En même temps, une autre partie des jeunes, filles et garçons, entamait ses
études secondaires. Certains en internat, d’autres profitaient des transports en
commun encore très actifs à cette époque. Dès 18 ans, la plupart des jeunes
commencent à prendre des leçons de conduite pour obtenir leur permis.
Nombreuses sont les 2 CV Citroën et les 4L Renault qui sillonnent nos routes et
chemins.
De 40 à 50 jeunes varennais, âgés de 15 à 25 ans, se retrouvaient en fin de
semaine « au patronage » pour préparer les séances de variétés. Les succès de
ces représentations permettaient à l’occasion de financer pour cette « joyeuse
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ribambelle » un voyage en autocar de plusieurs jours pour découvrir une
région française comme la Gascogne et les Pyrénées ou l’Alsace.
En 1967, fini l’apprentissage dès 14 ans, l’école devient obligatoire jusqu’à 16
ans. De plus en plus de jeunes poursuivront leurs études jusqu’au baccalauréat.
A la suite de quoi beaucoup se dirigeront vers l’extérieur pour trouver du
travail. Ceci d’autant plus qu’avec la mécanisation, l’agriculture à de moins en
moins besoin de bras. L’éducation secondaire se développant aussi bien chez
les garçons que les filles, l’emploi féminin progresse.
Mai 1968 et sa « révolution » n’ont que peu affecté l’activité communale, si ce
n’est que par le manque de carburant et de certains approvisionnements. Par
contre le SMIC brut qui au début de l’année s’affichait à 380 Francs par mois
est passé à 520 Francs, soit près de 37 % d’augmentation…
Les communications se développent avec une invention datée de 1842, le
télécopieur ou « Fax ». En 1970 le service militaire est réduit à 12 mois et en
1972 le mercredi remplace le jeudi comme jour de congé pour les écoliers qui
n’ont plus cours le samedi après-midi.
Le camping municipal ouvre ses portes en 1971. Parallèlement les « Cadets
Varennais » découvrent leur nouveau terrain de football. Deux joueurs du FC
Nantes, Paul Courtin et Bertrand Daumanes honorent de leur présence
l’inauguration.
L’usage de la carte bancaire et du « fer à repasser » se développe. Quelques
années plus tard l’invention de la carte à puce, par le français Roland Moréno
en 1974, progressivement remplacera les chèques, voire la monnaie. Cette
même année 1974 voit la majorité passer de 21 ans à 18 ans.
Les « trente glorieuses » (45-75) c’est fini.
Enfin le pont de Champtoceaux vient d’être reconstruit. Bombardé par
l’aviation britannique en 1940, en même temps que ceux de Mauves sur Loire
et Thouaré. Ces derniers furent rapidement remis en état après guerre. Par
contre, entre Oudon et Champtoceaux avait été installé, sur la section détruite
entre deux piles, un pont Bailey. Sa largeur ne permettait pas à deux véhicules
de se croiser et on prévenait tous les environs de notre passage à cause des
traverses de bois qui bougeaient bruyamment. C’est en 1976 que la réfection
complète du tablier sera inaugurée.
A nouveau La Varenne franchit le cap des 1000 habitants. Jusqu’ici nous nous
connaissons pratiquement tous puisque nous nous rencontrons assez
régulièrement lors de nos activités professionnelles et de loisirs. Nos habitats
évoluent profondément et deviennent de jour en jour de plus en plus
confortables. Plus de jolis dessins l’hiver sur nos vitres (dessins dus au givre),
les maisons sont de mieux en mieux chauffées. On parle d’isolation, on installe
du double vitrage, des VMC (Ventilations Motorisées Contrôlées) intègrent les
nouvelles constructions et en 1976 on instaure l’horaire d’hiver. A noter que
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l’âge moyen durant la période 1950 à 1980 est passé de 60 à 70 ans pendant
que le chômage progresse.
Le début des années 80 voit l’informatique envahir peu à peu nos vies. Pour les
particuliers ça commence par le Minitel, mis gracieusement à disposition par
les P&T à tous les possesseurs du téléphone. Les derniers Minitel s’éteindront
en 2012. L’année 1982 instaure les 39 heures de travail hebdomadaire et une
cinquième semaine de congés payés .
Durant de nombreuses années les varennais ont organisés de grandes fêtes qui
les réunissaient pour accueillir une foule impressionnante pour les courses de
stock-cars, les courses d’auto-cross, les brocantes, les foires aux vins. Aux
tournois inter-quartiers les varennais rivalisaient entre eux avec des chars de
plus plus sophistiqués et des mises en scène de plus en plus élaborées.
Les premiers téléphones portables, pesant environ 800 grammes et coutant
une petite fortune font leur apparition en 1983. La numérotation téléphonique
des fixes évolue à nouveau en 1985. Le premier téléphone installé à La
Varenne, après la libération, fut celui de la minoterie avec le numéro « 1 à La
Varenne ». Les numéros suivant étaient attribués par ordre d’installation sur la
commune, puis en 1963 la numérotation devient à 6 chiffres, tout en
conservant le numéro d’origine : « 98 50 01 ». En 1985 elle passe à 8 chiffres :
« 40 98 50 01 », et enfin aujourd’hui, depuis 1996, à 10 chiffres : « 02 40 98 50
01 », ce 01 toujours présent est encore en service aujourd’hui à la minoterie.
L’accroissement de la population et la demande de logement décide la
commune à développer, dans les années 82-83 un lotissement. Un partie du
financement vient de Jean Moreau, un généreux donateur qui à sa mort confia
son héritage à la commune. En son honneur on donna son nom à la rue
éponyme. Parallèlement débute la transformation de la salle de patronage
construite par nos anciens. Le but est d’y recevoir les élèves de l’école Sainte
Anne. Ceci crée, bien-sûr, une nouvelle nécessité et incite la municipalité à
trouver une solution pour remplacer notre « salle de spectacle ». C’est ainsi
qu’est inaugurée en 1986 la « Salle des Hautes Cartelles » et le restaurant
scolaire y attenant.
C’est l’époque ou les entreprises, comme les particuliers, découvrent et
s’équipent en informatique. « Windows 1 » date de 1985. Pendant plus de trois
décennies, tous les deux ans, la capacité et la puissance de calcul des microordinateurs doubleront .On voit les caméscopes et les consoles de jeux entrer
dans les foyers. Les premiers appareils photographiques numériques
apparaissent en 1988, annonçant la mort de « l’argentique » et des magasins
de photographie qui allaient avec.
Nombres d’activités d’entretien et de réparation disparaissent. On achète du
neuf et on ne le répare plus. Les grandes surfaces se multiplient au détriment
de l’activité de nos campagnes.
Au cours de ces périodes difficiles ou le chômage progresse, beaucoup de
commerçants et d’artisans Varennais disparaissent et ne sont pas remplacés.
Ainsi la commune est quasiment contrainte d’acquérir des locaux et de faire
des travaux pour y installer des commerces de bouches.
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Bientôt grâce à « Internet » (le réseau), que dès 1995, il devient possible de
« surfer sur le Web » (la toile, sous entendu d’araignée)avec un modem. Les
premiers écrans plats de télévision n’arriveront qu’au début des années 2000.
Le premier janvier 2002, onze pays de l’Union Européenne adoptent l’Euro
comme monnaie commune. Nous nous retrouvons avec des manipulations
presque ubuesques entre le l’Euro et les Francs (1 € = 6,55957 F). Cette même
année les premières « Box Internet » accélèrent notablement les
communications.
Dès le début de sa création, en 2006, l’association des « Amis de la Queue de la
Luce » s’acharne à dégager et remettre au jour le quai. C’est ici l’occasion de
se souvenir de ce qu’est la Loire et ses dangers. Dans mes souvenirs, la plus
haute crue date de 1952 (6,37 m) ou l’on accostait chez mes grands-parents
dans l’embrasure de la porte d’entrée de la maison. La vague créée par le
bateau faisait entrer l’eau à l’intérieur. Mais mes oncles avaient pris des
dispositions en plaçant des cales sous les meubles pour les maintenir au sec.
Fort heureusement les anciens avaient construit étables, écuries et granges
plus hautes que les maisons d’habitation maintenant ainsi les animaux et leur
nourriture au sec. Les îliens quand à eux montaient à l’étage ou à défaut au
grenier. Ont suivi les crues de 1955 à 6,05 m, 1961 à 6,11 m et la plus récente
en 1982 à 6,06 m a entièrement recouverte les terrains de football et de
camping.
L’autre danger avec la Loire c’est l’embâcle. Il se produit quand la Loire gèle et
forme de très gros glaçons. Rapidement il devient très dangereux de traverser
la boire d’Anjou pour passer dans l’île. Les glaçons risquant de faire chavirer
les « «plates ». Quand la densité des glaçons augmente ceux-ci s’enchevêtrent
les uns avec les autres : c’est l’embâcle. L’île, alors est totalement isolée. Il est
hors de question de traverser sur la glace les premiers jours, le temps qu’elle
se solidifie. Le même souci se rencontre lors de la débâcle, il faut attendre qu’il
n’y ai plus de gros glaçons qui descendent la Loire. En résumé les habitants
des îles de la Loire en cas d’embâcle se trouvent isolés pour une semaine à
minima. Ce qui veut dire que les îliens doivent en permanence anticiper les
fluctuations du fleuve et stocker la nourriture en conséquence pour assurer
leur survie durant ces périodes. L’hiver 82-83 fut celui du dernier embâcle. En
1985 l’armée fut diligentée au pont de Thouaré pour disperser à l’explosif les
énormes glaçons qui s’accumulaient contre les piles et qui faisaient craindre
pour la sécurité.
Certaines habitudes se sont perdues et ne sont pourtant pas à ignorer. Notez
d’abord que la Loire est un fleuve à crue centennale. Centennale veut dire qui
revient en moyenne tous les cent ans. La dernière à eu lieu en 1910 avec une
cote à 7,06 m soit un mètre au-dessus de la crue de 1982…
Dans ma jeunesse était entretenu un chemin des eaux grandes. En prévoyance
de l’inondation des voies des bords de Loire, nos anciens entretenaient, aux
dessus des maisons bordant la Loire, un parcours débutant au Tertre et se
terminant aux Grenettes. Ce chemin reste, en cas de crue, l’unique moyen,
hormis le bateau, de communication vers l’extérieur. Malheureusement depuis
un certain temps, nombre de nouveaux arrivants ou propriétaires n’ont pas cru bon de laisser portails, barrières et autres accès ouverts. D’autres ont
barricadé ou posé des verrous ou encore n’entretiennent plus les passages.
Tout ceci ne sera pas sans conséquence lors de l’inévitable prochaine crue…
La téléphonie mobile se popularise en 2007 avec le premier smartphone tactile
qu’est l’Apple iPhone. La Varenne créer sa zone artisanale « Saint Éloi » près
de la Tancrère cette même année.
Mademoiselle Pohardy lors de son décès avaient fait à la commune un don qui
devait être consacré à la construction d’une maison de retraite. Après de
difficiles études et montages financiers, la municipalité ouvre la « Résidence
Constance Pohardy » en 2008. Dorénavant elle intégrera le cabinet médical. La
bibliothèque rejoindra aussi le bâtiment, elle fut déménagée depuis le local qui
deviendra plus tard « La Varennaise » après avoir été « café de la Tour ».
L’accroissement de la population varennaise atteint environ 1750 habitants en
2010, le développement industriel, l’avènement de la télévision, des moyens de
transport individuels, le désintéressement pour la religion, l’informatique, la
téléphonie mobile, tous ces changements modifient profondément les habitudes
ancestrales. En résumé ces mutations d’après guerre ont révolutionnées
fondamentalement nos vies.
Toutes ces évolutions ont fait que nous sommes passés d’une société solidaire à
une société de consommation, du collectif à l’individuel.
Et aujourd’hui « La Varennaise » :
Tous les changements et évolutions des années qui viennent de s’écouler ont
fait que les rencontres fortuites se raréfient. Les lieux et motifs de
regroupements ont disparus. Les cafés ont fermé, il devient difficile pour tous,
lors de retrouvailles, de passer un moment ensemble à « refaire le monde ».
Face à ce besoin humain et naturel de convivialité, fin 2013, une quinzaine de
résidents varennais, entre 40 et 80 ans, eut la bonne idée de ressortir des
cartons cette notion de « Société » encore présente dans les mémoires.
C’est dans toute cette effervescence et grâce au dynamisme des varennais que
« La Varennaise » va renaître des cendres de son passé. Après une entrevue, la
mairie leur proposa un local, le délaissé « Bar de la Tour », derrière la
boucherie-épicerie. La mairie acquit la licence III dudit bar. Ainsi naquit la bien
nommée association « La Varennaise » dont les statuts et le règlement
intérieur furent déposés auprès de la sous-préfecture de Cholet en janvier
- La finalité de l’association est clairement définie dans ses statuts :
« Gestion et exploitation d’un lieu de rencontre et de convivialité au sein de la
commune ou l’on pourra consommer des boissons dépendantes de la
Licence III ».
Tous se mirent au travail pour l’aménagement et la décoration des lieux, Afin
d’exploiter la licence III, détenue par la mairie, Francis Bouninneau suivit la
formation au « Permis d’exploitation » obligatoire pour tout débit de boisons.
Le financement est trouvé grâce a un démarchage intensif des bénévoles qui
engrangent de grosses ventes de cartes. En trois mois, plus de 250 adhésions
sont atteintes. Rapidement des arrangements sont pris avec les viticulteurs et
une organisation mise en place. Il est décidé des produits, avec ou sans alcool,
qui seront distribués et on fixe les tarifs. Une bouilloire pour le café, des
bouteilles, des verres, des bouchons, l’assurance du local font parti des achats
de première nécessité. Un des bénévoles, Jean-Paul, offre généreusement
d’héberger le matériel et prête son local pour les mises en bouteilles. On
élabore une recette pour l’unique apéritif proposé : le blanc-cassis. On met en
place les affichages obligatoires et dès le mois de mars à lieu l’ouverture aux
membres.
A tour de rôle les bénévoles assureront la fonction de concierge pendant une
semaine. Chaque jour de la semaine, il faut ouvrir le local matin et le fermer le
soir. Assurer sa propreté, renouveler les stocks et comptabiliser les ventes.
Durant la journée le local est en accès libre, réservé aux membres de
l’association et aux personnes accompagnées. Du fait de la mise à disposition
de produits alcoolisés l’établissement est interdit aux mineurs.
Le succès impose ses lois, rapidement il a fallu négocier avec la mairie pour
que les bénévoles mettent en place des toilettes. On tire au sort l’orde
d’approvisionnement en vins chez les viticulteurs locaux. Des investissements
en matériels d’embouteillage suivront et les parterres autour du local seront
régulièrement fleuris et entretenus.
La mairie souhaitait que d’autres associations puissent accéder au local. Après
discutions le projet est soumis aux membres du bureau qui le refuse à la
majorité. Notez qu’à ce jour une cinquantaine d’associations sont déclarées, à
la sous-préfecture de Cholet, sur la commune de La Varenne.
Fin novembre une première animation autour du « Beaujolais nouveau » est
créée et remporte un réel succès. Opération qui sera reconduite les années
suivantes avec la même réussite.
En janvier 2015 on organise la vente des cartes de membre en l’accompagnant
de galettes, juste avant l’assemblée générale annuelle. Au mois de février c’est
au tour du vin chaud et des bottereaux. Comme la local n’est pas suffisamment
grand pour accueillir la foule on monte une tente sur le parking juste devant la
porte. Dorénavant il sera de tradition de renouveler chaque année de telles
manifestations. Le chiffre record (jamais battu) de 285 cartes d’adhérents fut
atteint grâce au dynamisme de l’équipe fondatrice en 2014 lors de la création.
La fête de la musique est l’occasion de se joindre à d’autres associations
comme les jeunes de « J’ActiV. Un plateau remorque est installé sur le parking
comme estrade. Plusieurs groupes de musique, certains de communes
avoisinantes, y sont accueillis. A d’autres périodes seront mis en avant le vin
nouveau et les châtaignes.
Dés le début de l’activité du bar associatif on remarque un dysfonctionnement,
soit les gens oublient de payer, soit ils se servent gratuitement, ce qui s’appelle
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concrètement du vol ! Pour remédier au manque de monnaie un système de
ticket, simple à utiliser, est mis en place et s’appuie sur la bonne volonté des
gens. Le ticket numéroté « Je dois » doit être rempli avec son nom et la somme
due, puis glissé dans la caisse. Dans les jours qui suivent on règle sa dette à
l’aide du ticket « J’ai payé » correctement rempli et en déposant le tout dans la
caisse. Ce système rationnel permet à tous de consommer même s’il n’a pas de
monnaie. Grâce à cette méthode, les stocks et la caisse sont simples à gérer. Il
est très désagréable pour tous, quand en fin de journée, on découvre un
« trou » inexpliqué dans la caisse. Chaque année, les bénévoles déplorent
toujours plusieurs centaines d’euros manquant en caisse…
Début 2016 la communauté de communes du canton de Champtoceaux (CCCC
dit la 4C) est convertie en la commune d’Orée d’Anjou, regroupant les neuf
communes du canton de Champtoceaux. Dans le courant de l’année, à la Queue
de la Luce, les amoureux de la Loire regroupés dans l’association «Les amis de
la Queue de la Luce » installent sur le quai une échelle mémorielle des crues
les plus marquantes de l’histoire de la Loire.
Lors de la reprise d’activité de l’épicerie il avait été suggéré aux repreneurs
qu’a terme ils pourraient disposer du local que La Varennaise occupait. En
2017 les gérants sollicitent la mairie afin de disposer de cette pièce attenante à
leur activité. C’est à compter de ce moment que la municipalité envisage de
nous construire un local dédié.
L’année 2018 fut marquée lors du repas de notre assemblée générale par la
brillante et magique prestation proposée par « Magistik ».
Le calvaire de la route de Bretagne réuni, une nouvelle fois, artisans,
commerçants et autres varennais pour sa remise en état inaugurée en 2019.
Pour tous, 2020 sera une année mémorable. Le 15 mars 2020 le gouvernement
impose la fermeture obligatoire des bars et restaurants à cause de la
prolifération d’un virus mortifère. Ultérieurement on nommera la maladie :
Covid-19. Quelques semaines plus tard, le 19 mai 2020 l’autorisation
d’ouverture en terrasse est permise. Malheureusement pour La Varennaise,
entre temps courant avril, notre président Francis, gravement malade d’une
tumeur cervicale, rejoint ses enfants en Vendée. Comme il est le seul à détenir
le permis d’exploitation, il est impossible à La Varennaise de reprendre son
activité. Le 27 Octobre 2020, nouvelle obligation de fermeture qui sera
abrogée le 18 mai 2021. Une réunion des bénévoles s’organise rapidement
avec pour objectif de redémarrer La Varennaise. Pour cela quelqu’un doit
suivre au plus tôt la formation au permis d’exploitation. C’est face aux
manques de disponibilités que je consent à suivre la formation que me paye
l’association. Ainsi, par cette acceptation je me retrouve à la présidence de La
Varennaise. Fin Juin je suis en possession du fameux permis. Après avoir réglé
la nécessaire partie administrative, nous décidons de rouvrir aussitôt. La
remise en action fut fort heureusement épaulée par l’efficace équipe historique
déjà en place. Les cartes 2020 n’ayant pu être pleinement exploitées par les
adhérents pour cause de fermeture obligatoire, il est décidé que les cartes
2021 seraient gratuites puisque déjà la moité de l ‘année était écoulée.
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Ce nouveau départ de fin juin 2021 se voit accompagné par plusieurs autres
contraintes pour l’association et ses bénévoles. La mairie répond
favorablement à la demande des exploitants de l’épicerie en décidant de leur
mettre à disposition notre local au 1er septembre suivant. Afin que nous ne
soyons pas à la rue, la municipalité nous propose un hébergement transitoire à
l’arrière du presbytère, dans l’ex-local des jeunes.
Dans un contexte difficile il nous faut gérer les urgences. Rédiger de nouveaux
statuts et y intégrer le nouveau bureau. Etablir pour la préfecture la nouvelle
domiciliation et enfin fin août déménager, il à fallu acquérir quelques meubles,
l’armoire frigorifique, très fatiguée, n’était pas déplaçable. Comme
l’hébergement était temporaire, la mairie nous a fait cadeau du loyer. Nous ne
payons qu’un forfait d’eau et d’électricité. Ceci à permis à La Varennaise
d’investir dans d’indispensables réfrigérateurs. C’est en septembre que
l’assemblée générale eut lieu, puisqu’elle qui n’a pas pu, à cause des
restrictions sanitaires, se tenir comme d’habitude en début d’année.
Ces perturbations, ont malgré tout permis de tenir l’équilibre financier sur ces
deux difficiles années. Petit à petit nous essayons de remettre en place les
manifestations imaginées par nos prédécesseurs. Ceci avec à l’esprit, toujours
présent depuis le début de « La Varennaise », le souci d’entretenir et
dynamiser les activités locales. Nous essayons et nous essayerons d’inciter les
artisans et commerçants ainsi que tous les varennais à participer à de
nouveaux événements.
Ces changements s’accompagnent du départ des anciennes équipes
fondatrices. C’est grâce au travail fourni par nos ainés, et à la municipalité de
La Varenne, qu’à ce jour nous pouvons vous accueillir, face à la mairie, dans un
magnifique local neuf d’environ 55 m².
L’équipe entièrement renouvelée reste toujours aussi motivée à animer notre
Varennaise. Cependant pour la faire vivre et évoluer nous avons besoins de
votre présence, de vos idées et suggestions. N’hésitez pas à proposer des
animations nouvelles que nous pourrions apporter ensemble à la communauté.
Si vous ne faîtes pas encore partie de l’association, venez nous rejoindre. Pour
cela vous pouvez glisser dans la caisse de La Varennaise vos coordonnées,
nom, téléphone et adresse courriel, nous vous contacterons. Ainsi vous
participerez activement à la vie communautaire de notre petite agglomération.
Vous pourrez passer dans notre nouveau local des moments conviviaux avec
vos amis et rencontres.
Merci à toutes et à tous.
Compilation réalisée à partir d’écrits et de souvenirs d’anciens varennais, en Mars 2023, pour La Varennaise,
Ecrit par Maurice Jouis, né en 1948 dans l’île Moron, j’ai vécu une trentaine d’années à la Filonnière avant d’auto-construire ma maison aux Haronnières.